En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés. Mentions légales.
 
Vous êtes ici :   Accueil » Opération ON4WAR
 
    Imprimer la page...
    Imprimer la section...
 
Texte à méditer :   Si tous les gars du monde voulaient se donner la main...   

Opération ON4WAR

Le mémorial du Refuge B.40
érigé sur le terrain de parachutage

02_Passants.jpg

03_Memorial.jpg
 

04_Stele_Armee_Secrete.jpg

05_ Stele_Binche.jpg
06_Stele_Leval.jpg
07_Stele_Ressaix.jpg
08_Stele_Divers.jpg

Les stèles rappelant le non des 43 victimes du refuge B.40

Le chant des partisans

Ami, entends-tu, le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu, les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Ohé ! partisans, ouvriers et paysans c’est l’alarme !
Ce soir, l’ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.
*

Montez de la mine, descendez des collines, camarades.
Sortez de la paille, les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé ! les tueurs à la balle ou au couteau, tuez vite.
Ohé ! saboteur, attention à ton fardeau, dynamite.
*

C’est nous qui brisons les barreaux des prisons... pour nos frères.
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse... la misère.
Il y a des pays où les gens, au creux du lit, font des rêves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche, nous on tue, nous on crève.
*

Ici, chacun sait, ce qu’il veut, ce qu’il fait, quand il passe.
Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre, à ta place.
Demain, du sang noir, sèchera au grand soleil, sur les routes.
Sifflet, compagnons, dans la nuit, la liberté, nous écoute.
*
* *

Le Chant des partisans est l'hymne de la Résistance française durant l'occupation allemande,
pendant la Seconde Guerre mondiale.


Anna MarlyL'idée et l'ébauche de la mélodie du Chant des Partisans sont de la chanteuse et compositrice Anna Marly qui le créa en 1942 à Londres. Elle composa la musique et les paroles originales dans sa langue maternelle. Puis Joseph Kessel et son neveu, Maurice Druon, tous deux auteurs ayant quitté la France pour rejoindre l'Angleterre et les Forces Françaises Libres du Général de Gaulle, et futurs académiciens, récrivirent les paroles, ayant proposé la variante française du texte le 30 mai.

Devenu l'indicatif de l'émission de la radio britannique BBC "Honneur et Patrie", puis comme signe de reconnaissance dans les maquis, "Le Chant des Partisans" était devenu un succès mondial. On avait choisi de siffler ce chant, car la mélodie sifflée restait audible malgré le brouillage de la BBC effectué par les Allemands.
C'est la sœur de Jean Sablon, Germaine Sablon, qui l'amena à sa forme finale et en fit un succès.

Largué par la Royal Air Force sur la France occupée, et écouté clandestinement, ce succès se répandit immédiatement tant en France qu'ailleurs dans les milieux de la Résistance et des Forces Françaises de l'Intérieur. Il se prolongea dans de nombreuses interprétations ultérieures dont celle d'Yves Montand est la plus célèbre.
Outre Germaine Sablon, Léo Ferré, Armand Mestral, Marc Ogeret, Yves Montand, Jean Ferrat, Johnny Hallyday et Jean-Louis Murat ont interprété cette chanson que le groupe Zebda a également vaguement adapté sous le nom de Motivés.

Créée par la même équipe, la Complainte du partisan a connu un succès populaire en France dans les années 1950 mais s'effaça devant le Chant des Partisans, relancé par André Malraux lors de la cérémonie d'entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon de Paris.

Le manuscrit original du Chant des Partisans a été classé monument historique par le ministère de la Culture en décembre 2006.

Chanté à voix basse, sifflé sourdement, le Chant des Partisans évoque la chape de plomb qui s'est abattue sur le pays occupé, la censure, les souffles et murmures de la clandestinité, la nuit où des ombres furtives collent des affiches, sabotent les voies ferrées, se glissent dans les maquis, se cachent loin des poteaux d'exécutions .
Mais l'âpreté des paroles en dit long sur la lutte implacable des maquisards et des combattants de l'ombre, sur le nécessaire recours aux armes, sur les risques de chaque minute.

Hymne de la Résistance, "Le Chant des Partisans" est aussi un appel à la lutte fraternelle pour la liberté : "C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères ; la certitude que le combat n'est jamais vain "si tu tombes, un ami sort de l'ombre".
Et si la fin de ce chant semble absorbée par la nuit et se perdre, c'est que la nuit est l'heure de tous les rêves, à commencer par le rêve d'une liberté à conquérir éternellement.

Chant de fraternité, nul ne peut confisquer le Chant des Partisans à des fins contraires à ses origines et son sens profond... Comme nul ne peut confisquer La Marseillaise, hymne de la Révolution Française fondatrice des valeurs d'égalité, et de démocratie qui sont celles de la Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes .

Un parachutage
Raconté par François
Capitaine de la résistance

Avant-propos

Pourquoi ce récit quarante ans après les événements ?
A ma grande satisfaction, c’est pour répondre au vœu exprimé par des jeunes, qui souhaitaient vivre, par la lecture, une opération enivrante, menée sous l’occupation, par des résistants de l’Armée Secrète.

Un parachutage était, en fait, une opération militaire. Comme telle, elle était minutieusement préparée. L’organisation en était assurée par le haut commandement interallié à Londres, avec le concours de l’aviation (R.A.F.) et, bien sûr, la participation active d’un groupe de résistants, triés sur le volet, tant pour leur détermination que pour leur esprit de discipline et de discrétion.

Le récit que je livre, dans les pages qui suivent, est plus technique que littéraire.
Il relate, sans emphase, un parachutage bien déterminé, organisé par mon chef et moi-même, et réalisé avec une équipe de courageux membres de l’Armée Secrète.

Avant d’ouvrir ce livre, je demande au lecteur d’essayer de se mettre dans un état d’âme voisin de celui que connaissaient ces soldats sans uniforme participant à ce genre d’opération. Il est bien évident qu’un parachutage d’armes et d’explosifs réalisé aujourd’hui, en temps de paix, ne présenterait que peu d’intérêt. La motivation et le danger que présentait cette opération, sous l’occupation, expliquent l’enthousiasme de ceux qui y participaient.

Enfin des armes qui leur permettront, dès l’ordre reçu, de contribuer à la destruction de cet ennemi qui a, durant plusieurs années, tué tant de leurs frères.

Hommage soit rendu à tous ceux qui ont donné leur vie pour la Patrie.

1940-1944
L’ARMEE SECRETE

Refuge B.40
« Le ROITELET »

01_Badge.gif

09_Ferme_Garlement.jpg
Plaque commémorative apposée sur la façade
de la ferme Garlement à Waudrez

Préparation de l’opération.

Nous sommes en 1943. – Depuis deux ans, les responsables de notre région s’installent et organisent le refuge .

Le recrutement, l’affectation de chacun sont pratiquement au point mais se poursuivent. Les missions confiées aux différentes formations, voire à certains membre du réseau, relèvent davantage de la recherche et de la transmission de renseignements que d’opérations spectaculaires.

Mais voici que, vers le mois de novembre, mon chef, le commandant de refuge, me fait part d’un parachutage imminent. Ce dernier nous fournira armes et explosifs destinés à remplir les missions que le haut commandement nous confiera au moment opportun.

Au cours de cet entretien, il m’a chargé de l’organisation de la réception.
Parmi les quelque 160 hommes recrutés dans mes sections, j’en contacte 20 que j’estime les plus discrets, les plus déterminés.
Quelques jours plus tard, l’équipe de parachutage est constituée.

Tous (sauf mon chef, vraisemblablement) ignorons où s’effectuera l’opération.

Tous, sommes fiers d’appartenir à cette équipe.
Lorsqu’un « élu » me croise, il me dit, avec une pointe d’impatience dans le regard : « Alors, rien de nouveau ? »
.

Et non, rien de nouveau et pourtant ; un soir, mon chef me prie de le rencontrer pour une question banale, absolument étrangère à ce qui nous préoccupe. J’apprends, au cours de cette visite, qu'il a reçu de l'échelon supérieur, le libellé du message qui sera, prochainement, diffusé par Londres, nous avisant de la nuit du parachutage.

Avide de connaître, j’écoute mon chef me transmettre ce message. Le voici :

  • au cours des mois pairs:
    « Message pour URANUS : La limande est la sole du pauvre. »
  • au cours des mois impaires:
    « Message pour URANUS
    : La limande N’est PAS la sole du pauvre. »

Dès que cette preu10_Ici_Londres.jpgve de confiance m’est témoignée, j’éprouve un sens aigu de mes nouvelles responsabilités.

Pendant près d’un mois, mon assiduité à l’écoute ne me fournit aucune récompense quand, à la mi-décembre, je parviens à capter :
- « Ici Londres – Les Français parlent aux Français.
– Et voici un message pour Uranus : La limande est la sole du pauvre. » Fou de joie, je quitte mon domicile, enfourche mon vélo et vais, de section en section, alerter mes amis.

La mise en place de l’équipe s’effectue conformément à mes prévisions, mais, hélas, l’oiseau ne vient pas.

Déçus et fatigués nous regagnons, très tôt le matin, nos domiciles respectifs, considérant la mission de cette nuit comme un exercices, bien utile, du reste.11_Premier_rendez-vous.jpg

Confiants, nous espérons que la troisième fois sera la bonne.

Le parachutage.

C’est dans le courant du mois d’avril 1944 que, pour la troisième fois, je connais la joie d’entendre cette voix complice, m’adresser, au travers de « mon » message, l’ordre d’assurer la réception du parachutage décidé pour cette nuit.

12_Halte-Mot_de_passe.jpg


 


 


Comme les fois précédentes, ma première démarche, est de me rendre au domicile des équipiers pour les inviter à se réunir au lieu de rendez-vous (1ère étape) que je leur fixe. L’heure prévue pour ce rassemblement, précède de quelque 30 minutes l’heure du couvre-feu, car, quiconque se trouve sur la voie publique après la retraite est susceptible d’être arrêté par une patrouille allemande.

Ces hommes, ainsi réunis, sont alors informés du lieu de rendez-vous (2ème étape) voisin de la plaine ; ils vont le rejoindre, un à un.

Porteur du mot de passe et par intervalles, chacun quitte le groupe, en direction du centre de parachutage. Plus loin, caché derrière une haie, à proximité du lieu de rassemblement final, un agent de réception somme l’arrivant d’arrêter : « HALTE ».

A l’énoncé du mot de passe, l’équipier est autorisé à franchir l’entrée de la propriété

Vers 23h, nous nous trouvons tous à la ferme de Monsieur Garlement, notre centre de parachutage. Notre chef nous y accueille.

Au cours de la nuit, la longue attente est mise à profit pour renouveler, entre les mains du commandant de refuge, notre prestation de serment, d’obéissance, de fidélité et de discrétion ; ensuite, au cours du briefing nous apprenons que:

  • Un triqueballe à roues de voiture, construit pour le transport aisé des colis, a été déposé sur la plaine à la lisière du bois.Notre lettre code pour la transmission sol-air est le L (en morse .-..).Cinq lampes de poches rouges sont actuellement posées sur la plaine en forme de L. Dès l’arrivée de l’avion, elles devront être allumées pour, ainsi, baliser la plaine.C’est à moi qu’est confiée l’exaltante mission de correspondre avec l’équipage ; à l’aide d’une torche électrique, empruntée aux charbonnages de Ressaix, je transmettrai la lettre code en morse.La première mission consistera, une fois les containers au sol, à les libérer de leurs parachutes, qui devront être pliés et camouflés.La seconde mission sera de charger les colis sur le triqueballe et de les stocker dans la grange de la ferme.
  • Le travail terminé, il conviendra d’attendre la levée du couvre-feu pour rentrer chez soi, isolément et par des routes différentes au départ de la ferme.
    Instruits de ces consignes, tous, nous aspirons au moment venu, où, sous une température de moins 2°C ,nous pourrons passer à exécution. En attendant, nous dégustons avec plaisir une tasse de café que Madame nous a aimablement servie.

Vers 4h30, alors que nous commençons à désespérer, un vrombissement se fait entendre, au loin.

« Silence – Ecoutez »13_Code_Sol-Air.jpg

Aussitôt, tous debout, nous enfilons nos lourds manteaux pour rejoindre le terrain.

Personnellement, je cours, en tête du groupe et constate que l’avion cherche à repérer la plaine.
Sans attendre que le balisage soit réalisé, je lance, vers ce puissant oiseau, la faible lueur de ma torche électrique.
Tenue des deux mains, le pouce sur le bouton et, pour ne pas commettre d’erreur, je lance, à haute voix :
Point, barre, point, point
Point, barre, point, point
Point, barre, ...

 

Le pilote me transmet le signal « OK » en allumant, un court instant, ses feux de bord et en me renvoyant le code par des vrombissements appropriés de ses moteurs. L’avion fait un tour de plaine, perd un peu d’altitude pour, ensuite, en une seule vague, larguer les 15 containers.

14_Parachutage.jpgMoment inoubliable, 15 parachutes blancs et kakis, tels des petits rats, se balancent gracieusement dans la nuit, retenant près de 3.000 kilos de matériel, ô combien précieux.

Dès que les containers prennent contact avec le sol, les parachutes sont rassemblés pour, plus tard, être enterrés. La seconde phase du travail commence quand, tout à coup, un puissant phare balaye le terrain.


 

« Couchez! »

Allons-nous être confrontés à l’ennemi ?

Ouf ! heureusement non; après quelques balayages, ce phare s’éteint.
Après un moment de prudente attente, le travail reprend.

Il s’agissait, en fait, nous l’avons appris plus tard, d’un15_Depot_provisoire.jpge patrouille ennemie chargée de la surveillance de la ligne de chemin de fer Binche-Erquelines et qui disposait d’un projecteur installé sur wagon-plat.

Alors que l’équipe est prête à charger les colis, nous apprenons un second incident: le triqueballe qui doit servir au transport des containers a bien été trouvé à la lisière du bois mais démuni de ses roues qui ont été volées.
Sans attendre, le fermier, qui est des nôtres, décide
d’aller chercher son tombereau et c’est ainsi que les 15 containers sont amenés dans la grange de notre centre de parachutage.
Le travail terminé (vers 5h45), les équipiers s’en retournent pour aller soit à la mine, à l’usine ou au bureau, fatigués mais heureux.

Le lendemain, les préc16_Transfert_a_la_mine.jpgieux colis sont chargés sur un camion et, en plein jour, transférés vers la fosse Sainte- Marie à Péronnes.

Là, avec la complicité de l’ingénieur du siège (notre officier de génie) le tout est descendu à l’étage 250. Seuls, les trois officiers et un mineur (homme de confiance arrêté plus tard par la bande Duquesne et lâchement assassiné à Courcelles) assistant à la mise en dépôt du matériel.

Après avoir extrait, avec intérêt, toutes les instructions qui vont nous permettre d’organiser un cours d’artificiers, dans les locaux de la gendarmerie de Péronnes, après avoir admiré, plastique, mitraillettes, grenades etc., l’ingénieur enferme notre secret en provoquant un éboulement simulé de la veine. 17_250_m_sous_terre.jpgVers 23 h, tout ce petit monde regagne la surface au moyen des échelles pour ne pas attirer l’attention du personnel de la mine et du voisinage qui connaissent les heures de fonctionnement des cages.

Ce n’est que le 2 juin, jour de notre départ vers le maquis, qu’armes et explosifs seront sortis de la fosse pour entrer, enfin, dans la grande bagarre.

Après tant d’années de vexations, de contraintes, de souffrances et de révoltes, nous allons pouvoir venger nos martyrs en contribuant à bouter l’ennemi dehors, par nos actions de sabotage et notre participation aux combats de la libération.

Mais cela c’est une autre histoire...


Date de création : 29/11/2011 ¤ 15:06
Dernière modification : 14/08/2014 ¤ 18:51
Catégorie : Nos Activités - Radio transmission
Page lue 155736 fois